La Biennale de Lubumbashi VI

Biennale de Lubumbashi VI

2019

Généalogies futures. Récits depuis l’équateur

La 6e édition de la Biennale Lubumbashi a exploré les possibilités de redessiner la cartographie du monde. Un des sept pays africains traversés par l’équateur, le Congo revendique le plus long segment du parallèle sur le continent. Ceci place la région non seulement au cœur de l’Afrique, mais aussi à l’intersection du globe, à l’intersection des hémisphères sud et nord. En affirmant cette position, la Biennale rejette le fantasme moderne du Congo en tant que « lieu sans importance à la périphérie de l’histoire culturelle », pour retrouver son profond enchevêtrement avec le monde et sa position centrale, passée et présente.

Le concept de la Biennale est de prendre la ligne imaginaire de l’équateur non pas comme celle d’une démarcation mais plutôt d’imbrication. Au plus proche, un lieu où la pesanteur terrestre s’allège et où les attractions magnétiques des pôles s’équilibrent, la latitude équatoriale ouvre des possibilités de récits qui répondent à d’autres boussoles, reconnaissent de nouveaux centres de gravité, et où des histoires dépolarisées peuvent se déployer. En même temps, une région où le soleil se lève et se couche plus vite que partout ailleurs, le rapide passage de la nuit au jour rappelle que la possibilité de renouvellement et de changement est toujours sur l’horizon.

La Biennale a exploré ainsi le paradoxe géographique d’être située dans une région où l’histoire continue d’être ancrée dans la profondeur des ressources de son sol, mais dont la position unique a aussi le potentiel de servir de modèle pour déraciner les perspectives établies.

Direction artistique

Sandrine Colard
(Belgique/Etat-Unis)

Enseignante à l’Université de Rutgers, Sandrine Colard est docteure en histoire de l’art africain moderne et contemporain, écrivain et commissaire indépendante. Titulaire d’un doctorat de l’Université Columbia de New York pour ses recherches sur l’histoire de la photographie en République Démocratique du Congo, Colard est conférencière internationale (Université Concordia, EHESS, Wiels, Bozar, Parlement européen, MOMA) et auteur de nombreuses publications (African Arts, Critical Interventions, L’Art Même, Cahiers du CAP, Cultures et musées). Ses écrits incluent des contributions à des catalogues d’exposition tels que Sammy Baloji: Hunting and Collecting, A Research Project (Mu.ZEE, Ostende, 2016), et The Expanded Subject: New Perspectives in Photographic Portraiture from Africa (Hirmer, 2016), dont elle a été co-commissaire à la Wallach Art Gallery (New York, 2016). Sandrine Colard prépare actuellement The Way She Looks : A History of Female Gazes in African Portraiture, en collaboration avec la Artur Walther Collection (Ryerson Image Center, Toronto, 2019). Elle s’intéresse à l’art et aux images postcoloniales, au portrait, au genre et aux archives de l’art contemporain. Ses recherches ont été soutenues par de nombreuses bourses, dont celles du musée du quai Branly, de l’Institut National d’Histoire de l’Art de Paris (Labex Cap) et une bourse postdoctorale du Provost’s Postdoctoral de la New York University Tisch School of the Arts.